Le 25 décembre, pluie diluvienne toute la journée sur la ville mais soleil sur l’aéroport, protégé par le fœhn, journée passée à réparer le moteur. Le 26, panne magnéto au décollage pour Vivian et re-belotte à l’atelier. Le 27, tentative de grand vol avec le chef pilote Javier, qui se solde par 300 km en 5 heures au ras des marguerites (ou plutôt des Notros, l’arbuste fleuri local). Le samedi 28, tout change, La température passe soudainement de 10 à 20°C, la ville se remplit de touristes, nos « Parisiens » Roger Biagi, Jean-Patrick et Monique Guillaud débarquent, c’est le premier jour des vacances d’été, mais pour nous, c’est l’enfer. Le vent tombe brutalement, je ne le reverrai plus jusqu’au jour de mon départ le 8 janvier, comme si Eole avait voulu me saluer, avec un ciel de rêve comme au premier jour.
Splendides ces cumulus mais peu
fréquentables, regardez vers le bas!
Et comme par enchantement, les premiers cumulus remplacent les rotors. Ils sont splendides, bases vers 3.000m, mais quelle déception: comment voyager en sécurité sous ce plafond lorsque le sol est à 500-1.500m et qu’il n’y a aucune chance de survie aux vaches dans un rayon de 100 km?
Ce sera donc avec des calages voisins de zéro que nous découvrirons finalement à visage découvert les pentes qui nous prodiguaient hier leurs ondes si généreuses, avec des arrivées parfois hyper tangentes calées à zéro et 500m de mieux pendant 80 km, sur un terrain ayant la même pente que notre plan, soit au mieux 500 m sol au-dessus de la forêt vierge ou du désert. Le plus tranquille étant Jean-Patrick, nullement inquiet puisque ce plan est justement celui standard d’approche de son B777. Ceux qui ne croyaient pas encore totalement aux calculateurs ont viré leur cuti. Roger Biagi découvrira que le directeur de vol, rebaptisé Badin acoustique (« la trompette » comme il dit) est infiniment plus précieux que le vario dont il vénérait le culte (je n’en ai d’ailleurs pas d’électrique en place avant).
Quant au moteur, après une rupture de la courroie d’hélice, d’une bougie et d’une bobine d’allumage, toutes réparées, il décide le 7 janvier de ne plus fonctionner du tout et le stage se terminera en remorqué. Pour clore en beauté la loi de Murphy, il faudra changer de roue du planeur le 9 janvier, la remorque en perdra une lors du retour au beau milieu de la pampa puis l’autre en plein centre de Buenos Aires. Merci Vivian, Walter, Fernando, Aimar et compagnons du Club Albatros! Pas racontable sur ces pages, mais de quoi alimenter les longues soirées d’hiver!
Et maintenant?
Eh bien nous préparons la prochaine expédition, en espérant cette fois être prêts plus tôt, pour voler dès mi-novembre. Si certains désirent venir avec leur planeur, il conviendra d’étudier la formule du conteneur acheté et aménagé, transporté jusque sur l’aéroport, sans remorque. L’idéal serait d’avoir un standard et un 15/18 mètres, bien équipés en oxygène et batteries doublées avec cellules solaires, la motorisation n’étant, à Bariloche, pas absolument indispensable (à condition de ne pas demander un remorqueur tous les matins à 5h30!). Par contre, pas de moteur signifie ballast et antigel pour -30°C, à prévoir dans le budget (360 $ le fût de 50 litres). (photo 18)
Bons vols!
®Jean-Marie Clément, avril 2003
Photos Jean-Marie Clément et Fabrice Papazian