L’union faisant la force, j’ai réussi à motiver tant en France qu’à Bariloche un petit réseau d’amoureux de ce pays et de ce sport, lesquels ont, au cours de ces cinq expéditions, su et pu thésauriser leur savoir-faire et s’investir dans l’espoir de pérenniser cette activité au sein du Club de Planeadores sur l’aéroport Nahuel Huapi. C’est ainsi qu’après l’inconfort d’un hangar froid et lugubre de 2002, ouvert aux quatre vents,  (l’habillage à 5h du matin impose de se mettre en slip et la température est de l’ordre de 5 °C), nous avons ensuite disposé d’un conteneur équipé et fermé, et cette année, notre hôte Orlando nous a construit un WC et une « salle de briefing » chauffée qui en réalité a été transformée dans la semaine qui a suivi notre arrivée en la plus formidable salle de vie qui soit, par addition d’un four à micro-ondes, d’un frigo, d’une cafetière 10 tasses, de couverts pour 20 personnes et surtout, d’un tire-bouchon. Cet outil aura été sans l’ombre d’un doute celui le plus utilisé lors de ces deux mois de stage, plus que l’oxygène ou les chargeurs, et il n’est pas impossible que nous ayons consommé plus de « Fonds de Cave Trapiche Malbec » que de 100LL.

En fait, avec l’installation de l’inséparable « parilla » pour la viande et du « disco » pour le poulet à la bière brune, chaque anniversaire, départ, arrivée, lâcher, record, etc., était le prétexte pour faire la fête jusqu’à des heures avancées. Et si je précise, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, que l’Argentine produit les viandes et les vins parmi les meilleurs du monde, au prix de l’eau minérale en Europe, vous comprendrez que si nous n’avons effectué que quatre décollages à l’aube en deux mois, ce n’est pas seulement pour cause météo. Mais en fin du compte, nous étions tous très heureux ainsi et avons découvert que la qualité de la vie prime sur la « recordite ».

De son côté, notre hôtelière nous a également gâtés en installant un routeur WiFi haute puissance ouverte à tous, même aux participants à l’expédition ne résidant pas dans son établissement. Compte tenu de la qualité et de l’abondance des petits déjeuners, il n’était pas rare d’y retrouver toute l’équipe bien au-delà de midi, pilotes, femmes et enfants, à pianoter sur leurs PC, qui pour tenter de comprendre la toujours très énigmatique météo patagonienne, qui pour y traiter des affaires, et qui pour téléphoner gratuitement (ou presque) à travers Skype à tous les amis d’Europe. Le décalage horaire étant de quatre heures, c’était l’heure idéale pour contacter les amis et les collègues de travail.

Même notre loueur de voitures nous avait fait une bonne surprise en achetant sept voitures neuves pour notre groupe !

Du côté français, Michel Fache et Fabrice Pérocheau ont fait l’immense effort de passer deux mois, le premier en clôturant l’expédition et le second en l’ouvrant, ce qui n’est pas simple, croyez moi. Mettre un Stemme, un Nimbus 4D, deux DG et vingt et une caisses dans une boîte de deux mètres de large, nous a fait brûler quelques neurones et couler beaucoup de sueur, sans compter les séances de kiné pour remettre les lombaires à leur juste place.

Bref, je crois avoir transmis le savoir-faire à deux autres Français, il n’y a plus d’excuse pour ne pas continuer !

Chaque année, nous croyions avoir connu le pire en matière de tracasseries et d’humiliations administratives, et chaque année, c’est pire. Mais ne nous plaignons pas, nous avons dédouané en trois jours, Steve Fossett a mis trois semaines pour débloquer ses deux ASH ! C’était d’ailleurs assez cocasse : les 15 pilotes propriétaires des quatre équipes étaient présents le même jour dans ce même endroit sordide et kafkaïen qu’est l’immense terminal maritime intercontinental passagers (jamais vu aucun passager) de Buenos Aires. Grandes embrassades en Allemand, en Anglais, en Castillan, en Suisse, toutes les « vedettes » sont ensemble pour quelques minutes, puis ce sera fini jusqu’à l’année prochaine, ou qui sait quand… Nous avons toutefois retrouvé Steve Fossett et Terry Delore le temps d’une escale à Bariloche, lors d’une de leurs migrations du nord au sud.

Ces équipes étaient composées de :

  • Steve Fossett avec Terry Delore comme pilote, six assistants, deux ASH25, basé à Chos Mallal, 420 km au nord de Bariloche, au pied de la Cordillera del Viento, générant le ressaut le plus extraordinaire connu au monde à ce jour. Le Citation X attendait dans un aéroport proche.
  • Klaus Ohlmann avec deux Nimbus 4DM, un Stemme et un DG400, à Zapala, 260 km au nord de Bariloche, une piste en dur au milieu de la pampa, à 30 km sous le vent de l’excellente et très longue chaîne de Catan Lil.
  • Diether Memmert (Ventus 2CM), Jean-Marc Perrin (DG400), Manfred Albrecht (ASH25) et Karl Rabeder (Nimbus 4DM) à San Martin de Los Andes (aéroport Chapelco), une merveilleuse petite ville de villégiature sur un aéroport contrôlé au pied des superbes volcans Chapelco et Lanin, à 120 km au nord de Bariloche.
  • Pour notre équipe, Michel Fache, Fabrice Pérocheau et moi-même volions sur mon Nimbus 4DM et un DG600M, Pierre-Alain Desmeules en Stemme, et Bert de Wijs en DG808B, basés à San Carlos de Bariloche, la plus grande station de montagne été-hiver de l’Amérique du sud, considérée comme le Saint Moritz austral