Le programme pour le lendemain de la réception de cette lettre était déjà fixé : tentative de 2.000km. Réveil à 3h30 pour 12 heures de bataille contre plus de 100 km/h de vent sur 1/8 de fractos incertains se terminant sur les derniers 500 km par un magnifique ciel bleu. Vu que le 2.000km ne passe pas, autant s’arrêter au premier aller et retour de 1.000km et aller travailler sur un nouveau triangle du record du monde.
Avec Bruce Cooper, nous sacrifions la belle journée du 23 décembre pour mettre à jour la base de données des pistes de secours. Le lendemain 24 décembre, je répète ma tentative de 2.000 km en solo (double aller et retour de 1.000 km), le planeur ayant été modifié la veille pour voler confortablement en solo, c’est à dire enlèvement de la gueuse de dérive (14 kg) et installation du séparateur de cabine (de mon invention) permettant d’avoir accès à tous les accessoires qui sont normalement de la compétence de la place arrière: téléphone satellite, casse-croûte, bible, sacs à pisser, etc…
Réveil à 3h30 sous la pluie jusqu’au parking mais heureusement pas en piste, pour me retrouver au décollage à 5h30 avec John Williams (Antarès électrique). Les conditions ne permettant pas de tourner le circuit, j’abandonne au bout de 8 heures de vol et 1.000km.
Le 24 décembre, tous les membres de l’expédition sont chez moi pour le réveillon de Noël et le Malbec Fonds de Cave Réserve 2006 aidant à l’optimisme général, nous décidons de passer un plan de vol pour le lendemain, par fax à l’ARO de Bariloche, pour ce fameux triangle FAI de 1.621 km, en espérant que le fonctionnaire de service à 22h le soir de Noël ait autre chose à penser que vérifier le NOTAM 4274. Appel téléphonique à 22h30 et, ô miracle, on me confirme que le plan de vol est accepté ! John, Bruce et moi saluons nos invités vers 23h00 et le réveil sonne à 3h30 du jour de Noël. Vous dire que j’ai bien dormi serait un mensonge, de même pour Bruce. Le ciel est couvert, pas d’étoiles ni de lune (bizarre, pourtant hier elle était pleine?), les arbres bougent, il fait frais: debout les morts, le cimetière change de place ! Et la lune? Le disque a laissé la place à une tache noire entourée d’une couronne brunâtre, c’est l’éclipse du siècle! Mais nous sommes trop absorbés par l’énormité de la tache que nous nous sommes fixés et ne nous en rendons pas compte. Je crois surtout que les quelques cellules grises sont encore en léthargie, le Malbec aidant.