« La vie, ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est apprendre à danser sous la pluie »

 

Après deux années d’interruption pour raisons familiales programmées, les conditions semblaient réunies pour relancer une expédition en Patagonie, en nourrissant l’espoir que d’autres se joindraient à moi pour remplir mon conteneur. Peine perdue, aucun autre candidat pour expédier une machine, même les Allemands n’avaient que quatre planeurs, le Stemme S10VT de Klaus, le Ventus M/15m de Diether Memmert, l’Arcus M de Mira et Jurgen Wenzel et un Antarès. J’ai donc dû me résoudre à mettre mon Nimbus dans sa remorque, et la remorque dans un conteneur de la compagnie maritime au port de Gênes, en sachant que cette expédition allait être un bain de sang économique. Il faut également citer Jean-Marc Perrin, dont le planeur, un DG 808/15m, reste en Amérique du Sud toute l’année.

Alors qu’il y a une douzaine d’années, nous étions quinze machines européennes! Pourquoi cette désaffection pour les grands vols en onde qui ne sont, pour l’instant, praticables avec autant de facilité dans aucun autre pays de la planète ? Les tentatives menées par Sebastian Kawa dans les massifs himalayens et caucasiens ont montré les limites météorologiques, mais surtout logistiques qui lui font dire que l’Argentine est encore le pays le moins pire ! L’Oural reste encore à découvrir et Sebastian, russophone et formé à l’onde avec moi en Patagonie, est certainement le mieux placé pour avancer dans ce projet, dont je ne verrai probablement pas la réalisation.

D’un autre côté, les centres de vol à voile commerciaux en Namibie et en Afrique du Sud connaissent un beau développement, il est vrai qu’il suffit de faire un chèque, de mettre ses fesses dans le planeur et tourner sous les cumulus comme chez nous, c’est à la portée de tous, ce qui n’est pas le cas en vol d’onde, d’ailleurs même en Europe.

Réchauffement climatique aidant, les conditions météorologiques deviennent également moins favorables aux ondes de ressaut et plus favorables aux vols en thermiques.

Ce qui n’empêche que les sept pilotes, dont trois Français, qui m’ont accompagnés cette saison ont certainement fait les plus beaux vols de leur vie, en particulier pour avoir vécu la formation puis l’exploitation de gigantesques sauts hydrauliques (saut de Bidone), qui resteront des rêves pour les pilotes européens pour cause d’espace aérien. Quelques exemples des ces « monstres » dans les photos ci dessous.

2017-01-06 à 20h57Z et 7.400 m, au nord de Llamuco

2016-12-10 à 17h10L. En montée sous le vent du volcan Lanin, regardant au sud vers Bariloche.

2016-12-16 à 17h29L et 7.600 m vers Loncopué, face au volcan Coaphué qui crache cendres et fumées. On notera le début de formation d’un saut hydraulique, matérialisé par des cirrostratus plats vers 9.000m, ayant un bord d’attaque mais pas de bord de fuite ni de forme lenticulaire. Des lenticulaires d’ondes de ressaut sont visibles 100-150 km vers le nord, dans la vallée de la Cordillera del Viento.

Splendides lenticulaires d’ondes de ressaut dans la vallée de la Cordillera del Viento, le second ressaut étant en phase avec le relief du volcan Tromen (à droite). En arrière plan à gauche, on distingue au nord le volcan Domuyo, 4.709 m, avec son petit nuage de chapeau. C’est le plus haut sommet de la Patagonie. On distingue l’aéroport de Chos Mallal (ou plutot son hangar) à droite de la photo, à la limite de l’ombre du lenticulaire, au sud de la rivière.