La seule mine de Chuquicamata représente près de 7 % du PIB national, le cuivre représentant 50 % de ce PIB. Il n’a pas été possible de la visiter pour cause d’agitation sociale, mais un petit tour en voiture le long des barrières nous a permis de nous rendre compte de l’immensité de ce chantier qui n’a aucun équivalent en Europe. Le cuivre n’est pas la seule ressource du sous-sol, une dizaine d’autres mines plus petites exploitent le salpêtre, l’antimoine, l’argent, le plomb, le molybdène, autrefois le sel gemme et récemment le lithium. C’est d’ailleurs grâce à cette dernière ressource que nous disposons aujourd’hui d’un aérodrome supplémentaire (Minsal) situé à l’extrémité sud du Salar d’Atacama, nous permettant de voler un peu plus loin en sécurité.

Cette ville dépend donc en totalité des activités minières qui s’étendent sur des centaines de kilomètres. S’agissant d’une activité essentiellement primaire, la population est majoritairement composée d’ouvriers peu qualifiés logés sommairement, alors que les cadres résident dans des quartiers fermés sécurisés.

Le ballet des CAEX sortant du trou et allant déverser leur cargaison au sommet des collines artificielles, 450 tonnes de minerai chaque minute, soit près de 5 tonnes de cuivre pur, soit env. 25.000 US$. Pour mémoire, ce sont ces engins qui ont été utilisés pour la construction du barrage de Serre-Ponçon, tous importés des USA.

Suite à la pollution par la poussière, le village ouvrier situé à proximité de la mine à 10 km de Calama a été fermé et 8 500 personnes ont été déplacées en ville. La circulation automobile est donc essentiellement composée d’autobus transportant le personnel entre les mines et la ville, et de milliers de pick-up 4×4 (camioneta) double cabine au « Standard Minero » strictement rouges avec bande jaune de sécurité, arceau anti-retournement et antenne HF. C’est le véhicule standard de location, à un tel point qu’il m’a fallu aller à 200 km sur la côte pour trouver une petite voiture de tourisme, en complément de notre camioneta 4×4 convoyée par la route depuis Viña del Mar (1.600 km) en parallèle avec le planeur en vol (1.200 km et 8 heures de moteur). La photo du parc locatif automobile de l’aéroport est particulièrement explicite.

Malgré l’apparente pauvreté et la saleté de la ville, le coût de la vie pour un Européen n’est pas sensiblement moins élevé que chez lui. La location par AirBnB d’un appartement pour 4 personnes, composé de trois chambres à coucher, salon et cuisine, dans un quartier de moyen standing suffisamment sécurisé, a coûté 1 750 € pour un mois, sans doute plus cher que chez nous, mais la demande de l’industrie minière est forte, c’est la loi du marché. Les dépenses alimentaires ont été de 20 € par personne et par jour, plus qu’en France, et 5 € de plus que le budget prévisionnel, notre équipe était composée de quatre personnes.

Le parking des loueurs de l’aéroport : large choix de modèles et de couleurs !

L’ancien village des ouvriers, aujourd’hui fermé et vidé de ses habitants.

Le 2ème P, « Perros », les chiens, aura été pour nous la pire calamité. En dehors des milliers de chiens pouilleux errants qui se traînent lamentablement dans les rues en vidant les poubelles sur les trottoirs, la plupart des foyers possèdent un ou plusieurs chiens qui, pour une raison inconnue, se mettent à aboyer en concert à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, suffisamment longtemps pour interrompre un sommeil déjà passablement perturbé par l’altitude (2.400 m). Le Stilnox et l’infusion de feuilles de coca (en vente libre) n’ont pas été suffisamment efficaces, nous rentrerons épuisés.

Le 3ème P, «Putas » n’est pas de ma compétence mais il est facile d’imaginer qu’avec 10 000 ouvriers dont une partie d’expatriés boliviens et péruviens, le business doit être florissant.

Calama, ville sale, chère, polluée,  bruyante, sans aucun intérêt touristique. Mais passage obligé pour cause d’aéroport sécurisé, y compris pour tous les touristes allant à San Pedro. Une enquête nationale sur la qualité de la vie dans les 24 principales villes lui a décerné la lanterne rouge.

Si nous lançons une autre expédition, ce sera au départ de San Pedro, mais ce sera plus compliqué, voir plus loin.

Après seulement dix jours de séjour dans cet enfer, Pancho Corral, notre senior CdB chilien, m’a envoyé le message suivant : «Si Dante avait connu Calama, l’enfer serait plus grand et un peu plus misérable ».

La fig. ci-dessous montre les territoires que nous avons explorés pendant ce mois de novembre, soit env. 350 km de longueur, équivalent au parcours Sisteron-Samedan, satisfaisant pour une première absolue. Nous préparons maintenant la descente vers le sud en basculant côté argentin sous le vent.