Les journaux européens recommencent à parler de ce pays[1]. Rappelons que l’Argentine s’est déclarée en défaut en 2001 et a accepté de payer un tiers de sa dette sur 30 ans. Malheureusement les caisses en devises sont vides et non seulement elle ne peut tenir ses engagements mais ne peut même pas faire face à la trésorerie courante comme par exemple le paiement des automobiles construites en partenariat avec le Brésil. Les fournisseurs brésiliens ont donc dû demander à leur gouvernement de leur financer la trésorerie nécessaire en attendant que l’Argentine vende la future récolte de soja. Les importations sont bloquées depuis des années, l’achat de devises étrangères est officiellement interdit, la Présidente a décidé que ce pays devait vivre en autarcie. Le modèle économique de l’équipe au pouvoir est celui de Cuba et du Venezuela, que la Présidente fréquente régulièrement. Rien d’étonnant à ce qu’elle ait nommé en novembre dernier comme ministre de l’économie Axel Kicillof, 40 ans, ex étudiant trotskiste et professeur d’économie marxiste. N’étant plus intéressé par la convertibilité de sa monnaie, le gouvernement fait fonctionner la planche à billets à plein régime et la Banque Nationale reconnaît avoir augmenté le volume monétaire de 39 % en 2013, générant ainsi une inflation estimée à 35–40 %, mais qui s’envole à un tel point que les journaux économiques ne parlent plus de taux d’inflation annuel mais mensuel, comme en témoigne le quotidien Clarin du 13 février dernier (fig.20), où il faut bien comprendre que le 4,61 % est relatif au seul mois de janvier (55 % par an) mais surtout que la courbe est exponentielle et tend vers une hyperinflation, source d’explosions sociales, scénario déjà vu. Geste oh combien magnanime, la présidente annonce triomphalement qu’elle accorde une augmentation des retraites de … 11%. D’un autre côté et au même moment, elle décide d’octroyer une allocation de 600$ par mois à tout jeune de 18 à 24 ans n’ayant pas de travail et ne faisant pas d’étude. Ce sont 1.500.000 voix pour elle aux élections de 2015 ! Sans compter le nouveau plan social (attention, la signification de ce terme est opposée à celle européenne) qui prévoit la livraison gratuite de 400.000 logements à ceux qui n’en n’ont pas, terrain compris. La planche à billet n’a pas fini de fonctionner ! Et le cours du peso de s’écrouler…

Les apparitions télévisées permanentes des membres du gouvernement ne font que fustiger les entrepreneurs, qui augmentent les prix, et les syndicats, qui demande des augmentations de salaires. Le futur socio-économique est incertain. Nous ne sommes pas directement concernés par ce problème puisque l’inflation est rapidement répercutée sur le taux de change « libre », passé de 1 à 16 Pesos/EUR entre septembre 2001 et fin janvier 2014. Les restaurants sont toujours pleins, la croissance est encore là, mais probablement pas pour longtemps, tout peut s’écrouler en quelques mois. Kiev enseigne ! Vamos a ver que pasa…. dit-on là-bas, avec philosophie.

[1] http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/02/28/en-argentine-alerte-rouge-a-l-inflation_4375376_3234.html