Après une première visite plutôt décevante du point de vue thermique, j’ai décidé de ne plus retourner côté cratère, trop dangereux, ce volcan est actif. Nous resterons sous le vent en dynamique de convergence.
La limite Ouest du Salar est constituée d’une chaîne ressemblant à nos Alpes, la Cordillera de Domeyko, longue de 600 km sur un axe Nord-Sud, qui s’est formée autour de -40 à -30 millions d’années (plus de 100 millions d’années après la chaine des volcans), aucunement volcanique. Ce soulèvement a donné naissance aux plus importants gisements de cuivre et de molybdène du continent, et à la Cordillera de la Sal, un monde de sel gemme et de gypse, dépourvu de toute forme de vie, à quelques minutes de San Pedro.
La Cordillera de la Sal, appelée “Vallée de la Lune” pour les touristes. Anciennement moteur de l’économie locale pour la production de sel gemme, aujourd’hui abandonnée aux VTT désireux de se brûler la peau. Le petit musée qui explique la formation de cette anomalie géologique mérite d’être visité.
Au-dessus de la croûte de sel, au fond du Salar, un cumulus se détache sur le Cerro Quimal (4.278 m), le point culminant de la Cordillera de Domeyko. Le comportement thermique de cette Cordillera est beaucoup plus sain et classique que celui de l’Altiplano.
Le point culminant est le Cerro Quimal à 4.278 m, donc acceptable, mais surtout, le col reliant Calama à San Pedro, le Paso Barros Arana, n’est qu’à 3.430 m d’altitude et à 30 km de l’aérodrome de San Pedro (altitude 2.400 m), soit finesse 30, raisonnable sans vent. Ce sera donc notre point de départ préféré et un passage obligé pour le retour en cas de doute, en vue d’une remise en route en local de San Pedro (jamais pratiqué).
La Vallée de la Lune vue du ciel, en regardant vers le Nord. On aperçoit sous l’aile droite la pointe Nord-Ouest de l’oasis touristique de San Pedro. On observe très clairement la différence de qualité entre les thermiques de la Cordillère de Domeyko, encore bien actifs, et ceux de la chaîne des volcans, en voie d’extinction.
Le Salar d’Atacama lui-même peut être thermiquement actif, surtout si l’humidité permet la formation de cumulus, nous en avons profité quelquefois, toujours sur les bords et sur la pointe des pieds, dans les zones de contraste près des lacs ou des oasis. Nous avons observé de puissants « remolinos », tourbillons de sorcière, aux abords de la piste de San Pedro, il faudra donc faire très attention lors des décollages et atterrissages, leur violence peut être fatale pour le planeur près du sol. SkySight a toujours considéré le Salar comme thermiquement peu actif, à corriger. Il faut préciser que ce Salar n’est pas totalement sec, il y a beaucoup d’humidité sous la croûte de sel et un grand nombre de petits lacs où l’on s’y baigne et où vivent des colonies de flamants roses. Ce Salar est un antique paléolac qui s’est évaporé durant la période de grande sécheresse entre 3 000 et 1 500 ans AC. Il est donc extrêmement jeune et un tel cataclysme environnemental naturel peut donner à réfléchir sur notre minuscule réchauffement climatique qui fait couler tant d’encre.
Les « remolinos », tourbillons de sorcière, peuvent être très dangereux lorsqu’ils se forment en bord de piste. Ils ne montent guère au-dessus de 1.000 m sol mais sont très violents.
Le Salar d’Atacama est en fait constellé de petites « lagunas » objets d’une faune aussi abondante que colorée. Celle au centre de la photo est la « Cejar » où nous nous sommes baignés en compagnie des flamants roses.