Une expédition commencée sous le signe de l’em… dement maximum

Le budget 2002 est bouclé, les participants confirmés (merci les gars!), lorsqu’un douanier Génois zélé décide d’attendre le retour de son chef pour signer la procédure d’exportation temporaire, ce qui fait rater le bateau et attendre une semaine de plus. Mais la poisse s’acharne sur ce transport et pour cause de grève des dockers à Algeciras, le bateau qui devait charger le conteneur saute l’escale et tout se décale d’une autre semaine. L’équipe en place à Bariloche ira donc à la pèche à la truite, je retarderai mon départ de deux semaines, et Roger Biagi décide de reporter son arrivée au 29/12, ce qui oblige Vivian Lapérrière à anticiper son arrivée de trois semaines. Je passe sur les tentatives de changer de bateau, de mettre le conteneur sur un camion pour le charger sur un bateau d’une autre compagnie à Valencia, opération annulée à la dernière minute car l’autre bateau décide de quitter Valencia avec un jour d’avance, toujours pour cause de grève….. Cette affaire aura au moins eu le mérite de mettre en pleine lumière l’immense irresponsabilité des compagnies de navigation, leur seule garantie étant d’acheminer la marchandise dans un délai de…. douze mois! Message bien reçu pour l’année prochaine.

Nous voici donc à Buenos Aires, atterrissage simultané avec l’arrivée du bateau, mercredi 11 décembre, puis Aimar Mattanò et ses amis de L’Aéro-club Albatros me guideront 12 heures par jour pendant deux jours dans les méandres du ministère de la Fuerza Aerea et des douanes. Un marathon hyper stressant où chaque ligne du document d’expédition est un prétexte pour refuser l’importation. Heureusement, mes accompagnateurs ont les nerfs solides, connaissant les règles de ce jeu sordide et finalement, vendredi 13 à 17 heures (c’est vrai!), l’attelage piloté par le couple Fernando et Irene Repicky (lui pilote et elle instructeur au club Albatros), accompagnés de Vivian et Walter, prend la direction de la Pampa avec 1.600 km de piste en perspective…. Bon courage les gars! Je prendrai l’avion et préparerai le terrain à Bariloche, c’est à dire dégager la piste des arbustes locaux sur 30 m de large et 800 m de long, en compagnie du chef pilote Javier Adem (un autre personnage clé de cette expédition), de Martha Mattanò et de ma chère et tendre épouse.

Dernière surprise: pas de place dans le hangar, contrairement aux promesses. Trop d’avions, dont deux « infirmes » en réparation, non déplaçables. Heureusement, les haies de cyprès qui prolongent le hangar offrent un abri bien protégé du vent, mais malheureusement pas contre la poussière. L’extrême amabilité et le dévouement de Javier et du mécano Orlando Dominguez feront qu’une petite place à l’abri sera toujours trouvée lors des trop nombreuses interventions sur le moteur.

Bref, le dimanche 16 décembre à 18h, le planeur est monté et fait son vol d’essai.

Un galop d’essai du 17 au 19 décembre

Trois jours, c’est le temps qu’il me faudra pour retrouver mes billes, prendre mes repères, retrouver un minimum d’assurance dans un paysage aussi splendide que déroutant. Le Nord est certes toujours au même endroit, mais c’est le contraire de chez nous, il apporte la chaleur et l’humidité, et en thermique, ce sont les faces Nord Ouest qui devraient donner. Quand aux vents de Sud, ils n’apporteront que grande stabilité et pas d’onde (orographie parallèle au vent). La loi de Coriolis fonctionne, mais dans l’autre sens et pour ceux qui connaissent un peu le ciel, tout est à réapprendre. Seul point commun avec les Alpes: par vent d’Est, restons au lit, stabilité garantie

Ces trois jours seront l’occasion de découvrir le grand local, dans un rayon de 150 km, toujours en onde, de faire connaissance le 17 avec l’onde sèche et un retour face à un vent de 80 km/h sans aucune matérialisation où une arrivée à 100 km en partant de 6.000 m n’a aucune chance d’aboutir, plus jamais plus çà! Avec Damien, première et dernière incertitude, ce pays n’est pas fait pour cela. Nous resterons donc toujours en local certain d’un aéroport.

Le 18, avec Fabrice, nous goûtons à l’onde style Pyrénéen avec sandwich aux lentilles se refermant avant que tu n’aies le temps de filer. Pour donner une idée de la rapidité d’évolution de la nébulosité dans ce coin, le club local a dû aménager une piste de secours au pied de la pente de service distante seulement de 8 km du club, car il arrive que le remorqueur n’ait même pas le temps de rentrer au bercail quand çà se bouche.

Par contre, le planeur peut rester en local sur la pente pendant des heures en attendant une amélioration. Nous avons donc fait la même chose mais à 150 km du terrain, en parking vers 6.000 m, convaincus de devoir découcher à Piedra del Aguila, lorsque sur le coup de 19h, le ciel s’ouvre et c’est le cul par dessus la tête que nous rejoignons notre lac de Nahuel Huapi, au grand soulagement du contrôleur de Bariloche.

Sandwich aux lentilles style Pyrénéen

Les choses sérieuses commencent le 20 décembre

Le 19, je passe les manettes à Vivian et Diego Volpi qui feront également le tour du grand local à plus de 6.000 m en remontant à San Martin de Los Andes et visitant sa majesté le Volcan Lanin, monument incontournable du spectacle andin.
Je profite de cette journée de repos pour vérifier le fonctionnement du système de prévision et d’alerte météo préparé gracieusement par le centre EPSON METEO de Milan, dirigé par un vélivole, qui a réussi à mettre sur pied en quelques semaines un site Internet me donnant en mode automatique les prévisions de vent, température et isohypses à 700 et 500 hPa, de 18 à 96 heures par tranches de 4 heures, mis à jour deux fois par jour, avec en plus commentaires personnels du prévisionniste par e-mail.

J’avais donc reçu une alerte météo pour ce jeudi 19, mais n’y ai pas cru et ai préféré attendre le lendemain. Klaus prendra la même décision mais je ne le saurai qu’après coup. Donc préparation pour le premier grand vol, et suivant les conseils de Sylvie Denais (voir les JVV), nous décidons de nous « charger » en hydrates de carbones (sucres lents) chez Alberto, spécialiste de pâtes fraîches.

Excellente idée, nous n’aurons aucun problème physiologique en 14 heures de vol, contrairement au vol du 24. Rendez-vous avec Fabrice Papazian pour le petit déjeuner à 4h30, notre hôtelier nous ayant tout préparé la veille.

500hPa, vents le 20-12