Grâce à quelques amis vélivoles haut placés dans l’Armée de l’Air Argentine, la Fuerza Aerea (il n’y a pas d’aviation civile), il a été décrété par N° A4679/06 que :
- Les planeurs pourront utiliser l’espace aérien contrôlé du sol jusqu’au FL300 du 28ème au 55ème parallèle, toutes les TMA et les AWY inférieures et supérieures, soit 3.000 km le long de la Cordillère, jusqu’à Ushuaia, à condition de maintenir le contact avec l’ATC compétent et maintenir le transpondeur activé, et ce tous les jours du 21 novembre 2006 au 31 janvier 2007.
L’application a été un peu moins simple que ce NOTAM de 9 lignes. Le commandement de la région aérienne a d’abord contraint toutes les équipes à se rendre le 15 novembre à une réunion d’information sur l’aéroport de San Martin (Chapelco), au cours de laquelle ce NOTAM nous a été illustré et chaque pilote a dû signer un protocole de quatre pages dans lequel il reconnaissait :
Devoir déposer un plan de vol pour tout vol en espace aérien contrôlé, et ne pas pénétrer dans cet espace tant que ce FPL n’est pas approuvé (heureusement Buenos Aires dispose de relais qui permettent de communiquer relativement bien aux altitudes habituelles)
D’être capable de parler correctement l’Anglais aéronautique ou l’Espagnol, sous peine d’interdiction de vol (seuls les contrôleurs de la TMA de Bariloche parlaient Anglais, ainsi que les ATC des FIR).
De posséder les cartes des espaces aériens concernés (inférieur et supérieur)
De connaître les règles de navigation IFR et de s’y conformer
Toute déviation à ces règles sera sanctionnée par une infraction officielle et le pilote sera suspendu.
Je m’étais préparé à ces limitations et avais scanné toutes les cartes des AWY et TMA, chargées dans le logiciel Pocket Strepla des iPaq, que nous pouvions restituer au sol plus tard avec Coutraci. Une petite merveille qui montre bien clairement que la plus grande partie des vols se déroulent bien au beau milieu des AWY et des TMA.
Mais le calvaire ne devait pas s’arrêter là car le contrôleur de Chapelco a interdit à l’équipe en place de quitter sa TMA tant que Buenos Aires n’avait pas contresigné le protocole, et notre chef d’aérodrome a exigé, le 24 novembre, une inspection surprise de tous les planeurs de mon groupe afin de vérifier la présence des cartes et des moyens de navigation, avec vol de vérification. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrît que nous étions mieux équipés que la plupart des avions transitant chez lui, en particulier du point de vue cartographie GPS. Sa conclusion : « on ne peut faire mieux » a fait que nous avons vécu jusqu’au dernier jour dans la plus parfaite harmonie, avec porte ouverte à la tour, Champagne et Pan Dulce à Noël ! Et donc aucune infraction, même si nous n’avons pas toujours été parfaits.
La navigation, l’espace aérien et la séparation du trafic
Ont été notre souci principal, et notre ami et ancien participant Andrej Kolar a travaillé jour et nuit afin de mettre au point la dernière version de SeeYou Mobile spécialement conçue pour le vol d’onde et qui nous donnait les radiales VOR et distances en milles dans toutes les pages, afin d’être toujours prêts à répondre au contrôleur dès qu’un avion de ligne pointait son nez.
Ce qui m’a permis de mettre en évidence une grave lacune de tous les éditeurs de logiciels pour PDA : les radiales VOR sont données en valeur géographique (vraie), alors que tous les avions travaillent en valeur magnétique. Aucun problème en Europe (déclinaison voisine de zéro), mais très dangereux en Patagonie où la déclinaison est proche de 10 degrés, valeur proche de la séparation (15°) demandée par les contrôleurs lorsqu’ils ne peuvent faire une séparation par l’altitude. Ce qui nous a valu quelques soucis et l’obligation pour tous de retrancher 10° des valeurs lues sur les iPaq, alors que celles lues sur Zander étaient déjà compensées. Et de préciser par radio « Radiale magnétique VOR » par différence avec « Radiale vraie GPS ».
Pour le reste, il faut reconnaître que la dernière version de SeeYou Mobile est un produit maintenant mûr et exempt de bogue, nous l’avons installé sur tous les PDA de toutes les machines avec la même base de données, et avons éliminé tout problème de navigation. A condition toutefois de bien lire les manuels et de s’entraîner avec le simulateur !