Le premier phénomène naturel et bien entendu le plus significatif étant l’éruption du volcan chilien Puyehue-Cordon del Caulle le 4 juin 2011, situé à 100 km dans le NW de Bariloche. Les photos, prise à une trentaine de kilomètres du cratère, donnent une idée de l’ampleur du cataclysme. Dans les premiers jours, la conséquence immédiate pour notre ville a été une pluie de sable et de pierre ponce qui a recouvert la ville et le lac sur une épaisseur jusqu’à 30 cm, car malheureusement le vent soufflait ce jour-là dans l’axe du volcan (310°).
Après avoir évacué près de 4.000 personnes, la vie s’est totalement arrêtée pendant plusieurs semaines sur des centaines de kilomètres en profondeur vers l’Est, la plupart des animaux sauvages sont morts et des milliers de bovins et ovins ont dû être abattus car privés de nourriture et incapables de manger le fourrage que les fermiers leur apportaient, car ils n’en avaient jamais vu ! Quelques jours après l’explosion, le volcan s’est mis à cracher des cendres très fines, impalpables (un peu comme du sucre glace) semant cette poudre mortelle sur des centimètres d’épaisseur le long de son panache qui tournait au gré du vent et arrosait ainsi un cône de 90° d’angle ayant sa bissectrice orientée exactement W-E et dont les extrémités étaient malheureusement les aéroports de Bariloche et San Martin de Los Andes, avec pour conséquence l’inactivité de l’un ou de l’autre, et l’impossibilité de voler en dessous de 3.000 m sur les 100 km qui séparent les deux aéroports.
La ville de Bariloche est restée paralysée plus d’une semaine, le temps que les pelleteuses nettoient les rues. Le hangar planeurs a eu la vie sauve d’une part de par sa forme et de l’autre grâce à l’intervention rapide des membres du club en prenant de grands risques.

La piste du club est restée bien entendu inutilisable pendant quatre mois, le temps que la pluie et la neige fassent pénétrer la poussière dans le sol et l’érosion éolienne déplace le reste vers l’est, jusqu’à Buenos Aires (1.600 km) où les aéroports ont dû fermer plusieurs jours, tout comme ceux d’Afrique du Sud, d’Australie et de Nouvelle Zélande.

Nettoyage du toit du hangar planeurs

L’aéroport international de Bariloche est bien entendu resté fermé dès le 4 juin pour ne réouvrir officiellement que le 20 décembre, en profitant de cet arrêt forcé pour refaire le revêtement de la piste en y ajoutant un système d’arrosage afin de laver les cendres déposées sur l’asphalte. En réalité les vols réguliers ne reprendront que fin janvier, et encore avec de nombreuses interruptions lorsque le panache passait sur la ville. Pour la petite histoire un avion de la compagnie nationale est resté bloqué plusieurs mois sur le tarmac, photo 4B.
Le pilote avait reçu l’autorisation de la tour de décoller, mais le contrôleur n’avait pas compris que le nuage qui arrivait sur la ville et le lac était en réalité un nuage de sable et de cendres, lequel a investi l’avion pendant le roulage obligeant le pilote à avorter le décollage. Le contrôleur n’avait pas encore été informé de l’éruption du volcan !
Du point de vue des manoeuvres au sol au sein de l’aéro-club, la situation n’était pas brillante car toute la zone du parking planeurs, voitures et accès aux bâtiments étant totalement protégée du vent, la dizaine de centimètres d’épaisseur de cendres n’avait aucune chance de s’envoler vers Buenos Aires ! Il a donc fallu vivre dans ces conditions assez pénibles, les pieds dans les cendres, souvent le masque sur le visage, juste bons pour se mettre sous la douche au retour de chaque journée passée au club.

Je suis certain que vous pensez  » Mais qu’est-ce qu’ils sont allés faire là-bas, connaissant la situation?  » En fait après de longues réflexions et consultations avec l’équipe allemande nous avions estimé que d’une part aucune éruption des volcans voisins (Llaima et Chaiten en 2008) n’avait duré plus de trois mois et d’autre part la zone d’influence du panache avait totalement épargné au sud les aéroports de El Maiten (100 km) et Esquel (200 km) et au nord Zapala (250 km) nous permettant ainsi de délocaliser le camp si besoin était. En réalité aucun des plans B, C et D n’a pu être appliqué. La piste de El Maiten s’est révélée trop souple pour permettre le décollage du Nimbus à pleine charge, ce qui m’a contraint à abandonner mon passager à terre avec retour en autobus, en combinaison de vol pour -30° et avec +25° au sol et sans un centime en poche. Jean-Baptiste aura au moins des aventures à raconter pendant les longues soirées d’hiver à Saint-Rémy !

Esquel s’est révélé pratiquement QGO car les contrôleurs locaux sont passés d’un seul coup de un avion de ligne par semaine à quatre par jour, la panique ! Au point que Jean-Marc Perrin (DG 800) et l’équipe du projet Perlan (DG 1000) ont dû abandonner cette solution au bout de quelques jours car ils devaient décoller avant l’ouverture de l’aéroport et se poser après la fermeture avec interdiction de voler dans la moitié Est de la TMA, la bonne, celle sous le vent de la chaîne.

Sous les cendres en attente de jours meilleurs

e plan D consistant à nous déplacer à Zapala n’a jamais pu être appliqué car la position anormalement Sud de l’anticyclone du Pacifique a fait que les conditions météorologiques n’ont jamais été propices pour plus d’une journée à cette latitude, donc enlevant tout intérêt à un déménagement qui à lui seul fait déjà perdre deux journées. Au contraire, il aurait fallu déplacer le camp de au moins 300 km vers le sud, impossible pour cause d’absence d’infrastructures et de logistique compatible avec le transport d’un container et l’opérativité de nsotre machine, tant pour son envergure que pour l’impossibilité de se diriger au sol et au moteur. Jean-Marc Perrin, venu de Suisse avec sa voiture, sa remorque et le DG 800 en 15 m, a donc pu profiter de ces pistes précaires et effectuer ainsi suffisamment de vols entre 1.500 à 2.000 km lui permettant ainsi de gagner l’OLC 2011.