Les records de distance et de vitesse ont été le moteur des expéditions patagoniennes. Ils le sont toujours au niveau national, le niveau mondial devenant de plus en plus difficile après 10 ans passés à « monter la barre » toujours plus haut. Il pourrait y avoir un second souffle avec l’utilisation de nouvelles machines chargées à 58 kg/m2 comme le Quintus ou autres Antarès23, ASG29, ASH31, EB29, JS1, et peut-être même l’Arcus, qui ont une finesse bien supérieure à celle du Nimbus 4 aux vitesses auxquelles nous volons en Patagonie. Pour ceux qui ne disposent pas de machines compétitives et désirent profiter des circuits libres, il ne reste que la solution OLC à six branches libres, avec handicap. Si cette formule peut trouver une justification dans le vol en thermiques en conditions délicates, elle frôle le ridicule en vol d’onde dans les conditions patagoniennes normales. En effet, il existe des routes énergétiques parfaitement identifiées longues de 300 km vers le sud et de 400 km vers le nord, pour lesquelles, après avoir parcouru une branche en observant le ciel, il est possible de répéter six fois le même parcours sans jamais regarder dehors, en répétant simplement sur l’écran la trace de la branche précédente. Donc demi-tour dès que le vario netto commence à faiblir, puis « pied au plancher » pour le reste du vol, « pedal to metal » selon les propres termes de Morgan Sandercock. C’est ainsi que l’équipe Perlan a réalisé un vol de 1.500 km sans jamais s’éloigner de plus de 250 km, et un vol de 2.700 km sans jamais s’éloigner de plus de 450 km, avec un aéroport tous les 100 km. Et se glorifiant [1] du fait que ce vol a donné plus de points que le 3.000 km de Klaus (de par l’effet du coefficient machine), en oubliant de spécifier que ce dernier vol était un trois points FAI, un chef-d’œuvre que l’on ne peut comparer à ces yo-yos dénués de tout intérêt sportif.
Certes je comprends tout à fait que Jim Payne, dans l’impossibilité de courir pour les records avec son DG 1001, se soit lancé dans la seule compétition qui était à sa portée et je ne peux que lui donner raison. Mais j’observe autour de moi, des deux côtés de la planète, une tendance grandissante à délaisser les épreuves FAI pour se rapprocher de l’OLC, des solutions de facilité et des gros chiffres en termes de kilomètres, mais qui ne transformeront jamais un poussin en un aigle. Solutions accidentogènes à long terme pour manque d’expérience en conditions difficiles.
Il conviendra de réfléchir également à la nouvelle course « Speed OLC » où l’on ne retient que les meilleures 2h30 du vol. Le « parcours » des Alpes du Sud risque de devenir un circuit de F1, alors qu’il n’y a rien à démontrer.
Toujours plus vite, circuits toujours plus courts, solutions de facilité. Serait-ce là le futur du vol à voile ?
[1] http://www.onlinecontest.org/olc-2.0/segelflugszene/cmsnews.html?month=022014#1338