Le réchauffement climatique en altitude continue son inquiétante évolution. Comme l’an passé, nous avons relevé systématiquement les températures à 6.000 m et les avons reportées sur la fig.1 en parallèle avec le QNH. La courbe en pointillé rouge représente l’évolution de la température à 6.000m, celle en trait continu rouge représente la courbe de tendance. De la même façon les courbes bleues se réfèrent au QNH, échelle de droite. La température moyenne à 6.000 m a évolué de -12 °C en début de saison à -9 °C mi janvier (l’an passé respectivement -15 et -11°C), avec toutefois des variations importantes d’un jour à l’autre, la journée la plus froide étant en plein été, le 2 janvier avec -16,7°C (-21 l’an passé) et celle la plus chaude étant le 29 décembre avec -4,8°C (-7 °C l’an passé). La moyenne de la saison a été de -11,5°C contre -12,9°C l’an passé, à comparer à -24°C de l’atmosphère standard.

Le réchauffement des couches supérieures est donc de l’ordre de 12,5°C par rapport au standard, une énormité capable à elle seule de justifier les faibles énergies (en termes de Vz) rencontrées cette saison, tout comme la précédente. La corrélation entre le QNH et la température à 6.000m est faible et inverse, probablement parce que la rotation antihoraire des vents anticycloniques produit une circulation de secteur sud provenant directement du pôle et passant sur une mer glacée (courant froid de Humboldt). La fig. 1 met en évidence le dérèglement climatique au niveau de la pression puisque l’on observe une diminution constante du QNH au fur et à mesure que l’on avance vers l’été, le minimum étant justement en plein été et le maximum le premier jour de vol en début de printemps.

La persistance de l’anticyclone de blocage sur l’Atlantique en position estivale, centré exactement à notre latitude, déviait les trajectoires des fronts en les atténuant fortement. Voir fig. 2 (16 NOV 2013) et 3 (6 DIC 2013), situations de début novembre et début décembre. Ces flux de secteur sud sont très secs, parfois renforcés par le (bref) passage d’une basse pression thermique sur la pampa, comme le montre la fig. 4 du 18 novembre à 3.000m, où nous avons volé dans le bleu au ras des cailloux pendant 4 heures pour clore un misérable mais passionnant aller et retour de 200 km, avec seulement 20 à 40 km/h de vent (tous les vols sont sur la NetCoupe).

Quelquefois même, les trois lettres A (chez nous H) étaient les seuls symboles visibles sur la carte TEMSI. Dans ces conditions, les jet-streams de la couronne polaire, pourtant bien présents, étaient littéralement « coupés en deux » par cette cellule anticyclonique (fig. 5 16 NOV 2013) et n’ont que très rarement été recollés (fig. 6 1 JAN 2014)  jour de mon unique record), juste le temps de repasser au NW (chaud, humide et instable) lors du passage des vortex dépressionnaires. J’ignore si les trois phénomènes sont liés, mais la Nouvelle Zélande a vécu le même problème que nous, si ce n’est pire pour l’onde, grande absente, sauf que les conditions locales permettent la formation de bons thermiques en absence de vent, ce qui n’est pas le cas en Patagonie, et l’Afrique du Sud et la Namibie semblent avoir vécu une excellente saison en vol de thermiques.