La grève nationale de la fonction publique

Suite aux misères des années précédentes, qui allaient de 6.000 USD de bakchich pour sortir du port jusqu’au séquestre du planeur, j’avais définitivement écarté la solution de la douane maritime ou terrestre pour passer à la douane aéronautique, laquelle répond aux critères de la convention de Chicago et donc aux règles publiées dans l’AIP. Le dédouanement d’entrée au Chili, pays où la corruption est inexistante, utilise le carnet ATA (anciennement carnet de passage en douane), système qui fonctionne parfaitement puisque c’est l’État français qui garantit le paiement des droits de douane en cas de non retour du matériel, lequel État se retourne ensuite contre le propriétaire. Le dédouanement n’est donc l’affaire que de quelques dizaines de minutes, sauf que cette année toute la fonction publique chilienne, dont les douanes font partie, a eu la bonne idée de se mettre en grève illimitée trois jours après l’arrivée du conteneur. Et comme le transitaire local n’avait pas reçu la procuration envoyée pourtant en temps utile, notre beau voyage de douze heures à travers la cordillère, de Bariloche au port de Concepción, s’est soldé par un magistral demi-tour vers Bariloche. Mais ayant tout de même pu rencontrer la transitaire, je lui ai passé l’instruction de sortir la remorque à n’importe quel prix par n’importe quel moyen. Et bien, le lendemain, elle me téléphone à Bariloche pour me dire que la remorque nous attend dans son jardin, à retirer le plus vite possible ! Re-traversée de la cordillère et de nouveau l’Ibis de Concepción. Gratifiés d’un tremblement de terre de magnitude 6, ce qui, au dixième étage, nous a causé une belle frousse. Mais les Chiliens sont habitués et les seuls clients qui ont quitté leur chambre étaient les étrangers !

En pleine nuit, nous récupérons la remorque dans le jardin de madame notre agent transitaire en douane, qui aura réussi à le sortir de ce piège en trois jours pendant la grève totale.

Nous avons ainsi perdu une douzaine de jours de vol mais c’est bien peu en comparaison des Allemands qui durent rester à l’hôtel pendant plus d’un mois en attendant la fin de la grève. Contrairement aux habitudes, fin octobre et les premières semaines de novembre ont été très chaudes et sans vent, les anoraks ayant été remplacé par les maillots de bain. Photo de la Playa Bonita déjà occupée fin octobre. Du jamais vu de mémoire de Barilochense.