La grève la fonction publique nous a incité à utiliser l’aéroport douanier (PPR 24 h) le plus proche de la frontière, Temuco, tout neuf et doté de lignes aériennes régulières. L’aviation civile chilienne est vraiment disponible et nous a autorisé à monter le Nimbus sur le tarmac à côté des biz jet et nous mettre en piste, évidemment tirés par notre voiture, entre deux mouvements des Airbus de ligne (photo).

 
Plan de vol pour une durée estimée de quatre heures pour 300km, décollage sans aucun vent sous tempête de ciel bleu et surprise, nous voyons que le pont du Rio Tolten construit en 1898 par Gustave Eiffel est cassé, au passage d’un train de marchandises, laissant la locomotive toute seule du bon côté, donc heureusement pas de victimes. La locomotive est restée du bon côté ! D’après l’enquête il s’agirait d’un défaut d’entretien.

 

Après trente-deux minutes de moteur nous sommes à 3.000 m au bord du lac Villarica et nous continuons en vol plané vers la frontière dans l’intention de faire une remise en route sur l’aéroport de Pucón, non sans avoir vérifié le fonctionnement du volcan Villarica où le vent est du 210° pour 20-30 km/h, insuffisant pour faire fonctionner la pente faible et conique, mais suffisant pour créer une ondulette mixte à une convergence sous le vent du volcan (exactement comme écrit dans le fameux livre) et nous voilà propulsés à 4.000 m, ce qui nous amène au pied du volcan Lanin où le vent est maintenant de 70 km/h. Nous sommes dans notre jardin et à 6.000 m mettons le cap pour Bariloche où les contrôleurs nous accueillent d’un joyeux « Bienvenido a Argentina!« . Fichier IGC ici.

Nous aurons d’excellents rapports avec toutes les équipes de tous les aéroports et CC de Buenos Aires, car ils ont maintenant accès à l’écran radar, et même s’ils n’ont pas le droit de s’en servir pour faire des séparations avec les IFR, ils voient au moins où nous nous trouvons et nous ont beaucoup aidé lors des nombreux retours difficiles au-dessus de la couche.

Visite de courtoisie pour Noel à la TWR de Bariloche avec chocolats et panettone

Les deux ravissantes policières et leurs collègues de la douane et du contrôle sanitaire agricole, venus spécialement pour nous sur l’aéroport de Pucón lors du retour le 16 janvier. À gauche en arrière plan, Jean-Pierre Ohaco, vélivole chilien de mère française et à sa gauche Peter Vermehren, le deus ex macchina de l’aéroport de Pucón.

Pour ce vol, j’étais accompagné par Sergio Campos, un jeune pilote chilien plein d’enthousiasme, un formidable mécanicien aéronautique professionnel, lequel avait fait le voyage de Valparaiso en autobus (1.000 km) juste pour avoir le plaisir de faire cette traversée, apparemment une première pour un Chilien. Il a voulu répéter la même aventure pour le vol de retour en venant en voiture avec son ami vélivole Jean-Pierre Ohaco, et finalement lui laissera sa place. Jean-Pierre fut tellement émerveillé qu’il n’a pas voulu toucher aux commandes ! Il faut dire que lors du vol de retour, la situation était extraordinaire, le volcan Lanin avait revêtu ses plus beaux habits de lentilles, mais nous avons dû interrompre le vol en plongeant vers le Chili aérofreins sortis car le front arrivait et nous avons juste eu le temps de mettre la roue au sol à Pucón avant l’arrivée du déluge universel. La douane et police chiliennes s’étaient déplacées spécialement pour nous en déléguant leurs plus sympathiques représentantes [photo ci-dessus]. Côté argentin, c’était exactement le contraire (photo ci-contre) car les douaniers voulaient dissuader les argentins d’aller passer leurs vacances au Chili et ne laisser passer qu’une voiture toutes les cinq minutes. Mon épouse a ainsi fait douze heures de queue. Non, dans ces conditions, l’Argentine c’est fini.

Pendant ce temps mon épouse faisait douze heures de queue à la douane terrestre, humiliation d’État pour dissuader les Argentins d’aller dépenser leur argent au Chili.

Heureux de revoir à nouveau Bariloche. Nous avons du nous poser sur l’aéroport international pour les formalités de douane, de police et d’immigration (piste 11/29 visible à droite) puis redécoller presque à la nuit pour un saut de puce vers l’aéro-club (piste 12/30) visible à gauche.