Il conviendrait peut-être de parler de climatologie plutôt que de météorologie car si le court terme, c’est-à-dire quelques jours, était tout à fait classique, le long terme l’était beaucoup moins.

Pendant ces deux mois, de mi-novembre à mi-janvier, nous n’avons eu que 7 jours de pluie (un drame pour cette région), 31 jours de vent exploitables (30 en 2013), mais surtout 23 jours de lac miroir, ce qui est une nouveauté, triste pour nous mais excellente pour le tourisme. Heureusement le bateau et l’équipement de pêche à la truite ont parfaitement rempli leur fonction et nous n’avons jamais autant mangé de poisson car nous sommes rarement rentrés bredouilles et souvent avec plus d’une prise.

Notre plage préférée, la Playa Bonita, fréquentée habituellement de mi janvier à fin février. Malheureusement, nous ne sommes que le 30 octobre, ce qui ne présage rien de bon pour les vols à venir.

La température au sol a sensiblement augmenté depuis notre premier séjour en 2002, probablement de quelques degrés comme un peu partout sur la planète. C’est surtout celle en altitude qui continue à augmenter d’environ 1°C par année, ce qui est catastrophique pour l’intensité des ascendances, laquelle diminue, et la longueur de l’onde, qui augmente et n’est plus en phase aussi bonne avec l’orographie. Nous avons relevé la température à env. 6.000 m lors de chaque vol, puis recalculé celle à 6.000 m selon la loi adiabatique, le tout reporté sur le diagramme ci-dessous. La dispersion est certes assez élevée (chaque point représente la moyenne des mesures de la journée) mais il est clair que la tendance moyenne entre mi-décembre et mi-janvier se situe entre -10 et -11°C alors qu’elle était de -12°C en 2013. Pour mémoire la température standard à cette altitude est de -24°C, et elle l’était réellement lors de nos premiers vols en 2002 – 2003. Nous avons même relevé une pointe à -5°C à 6.000 m, ce qui est inquiétant pour à cette latitude. C’est probablement pour cette raison que les Vz moyennes en onde de ressaut classique étaient très inférieures à celles d’il y a une dizaine d’années, il fallait se contenter de 2 à 3 m/s là où nous avions auparavant entre 5 et 8 m/s, par exemple  sous le vent du cordon d’Esquel, et encore, pas toujours.

Pour cette raison, les meilleures vitesses moyennes sur circuits FAI, (hors yo-yos OLC), n’ont pas dépassé 160 km/h, d’où l’impossibilité de traduire le temps de vol en distance.

Par contre, les sauts hydrauliques, dont nous parlerons plus avant, et qui obéissent à des lois différentes, n’ont été en rien affectés par ce phénomène et des Vz entre 5 et 8 m/s étaient monnaie courante.

Le mois de novembre a été pratiquement nul, juste deux vols locaux en onde et deux en thermique, alors qu’il y a quinze ans la deuxième quinzaine de novembre était celle de tous les records du monde. Contrairement aux années précédentes, la situation n’a cessé de s’améliorer jusqu’à notre départ le 16 janvier, avec apparition de plus en plus fréquente de sauts hydrauliques de plus en plus majestueux. Avec évidemment aucune prévision de ce phénomène.

 

 

Novembre : nos commissaires sportifs et binôme en relax à Puerto Blest. Menu du soir: truite…

 

Le fait le plus marquant de ces deux mois a été, à quelques exceptions près, la division de la chaîne patagonienne en trois zones: à partir de 100 km au nord de Bariloche, comprenant Zapala où étaient stationnés les allemands, pas de vent et grand soleil ; entre ce secteur et 200 km au sud de Bariloche, du vent, assez souvent du secteur Sud, avec des nébulosités acceptables mais parfois critiques au retour ; au Sud de ce secteur, des nébulosités intenses avec précipitations. Côté Nord, Klaus Ohlmann a su exploiter les avantages du Stemme et venir chercher le vent avec une petite heure de moteur pendant que ses compagnons se faisaient rôtir au soleil en thermique. Côté Sud, Jean-Marc Perrin n’a pu faire que peu de vols avec quelques frayeurs et atterrissages à Bariloche sous le déluge.

La journée du 10 janvier a fait exception et Klaus en a profité pour tenter l’aller simple de 2.500 km du Sud vers le Nord. Nous avions vu arriver cette situation mais le déplacement de notre base logistique 1.500 km plus au Sud aurait nécessité trois jours de préparation dont deux de route, plus démontage et remontage. Nous avons préféré renoncer. Klaus a intelligemment profité des capacités du Stemme turbo-compressé en faisant le voyage en vol au-dessus de la couche. Son point de départ était 150 km en arrière et contre le vent du point de décollage, ce qui rendait impossible la réalisation du record. Il aurait parfaitement pu se déplacer jusqu’à l’aéroport de Rio Turbio, son point de départ, qui avait déjà été utilisé comme base par Jean-Marc Perrin dans les années précédentes. Fichier ici.