Tout ce qui suit ne seraient que faits divers d’une banalité déconcertante si cela s’était passé dans notre petit club européen où tout est simple, avec un coup de téléphone portable vous appelez le constructeur sans décalage horaire et vous avez la pièce lendemain sans même passer par aucune douane.
Pour nous c’est tout autre chose ! Quand le problème se présente à l’heure du café, il fait déjà nuit en Allemagne et nos amis sont bien au chaud en famille ! Quant au téléphone portable il faut être en ville, il ne fonctionne même plus sur les aéroports de San Martin ou d’Esquel, par chance chez nous, à Nahuel, il fonctionne encore. Quant à la douane, si vous avez la chance que la pièce parte dans les 48 heures qui suivent la panne, il faudra compter une bonne semaine avant de l’avoir en mains après avoir déboursé 60 % de droits de douane et de TVA !

C’est ainsi que lors du premier décollage, le ressort qui maintient le levier des volets en position verrouillée casse à quelques mètres du sol, faisant que les volets passent en plein négatif et la machine s’enfonce. Par chance ma main se trouvait sur la manette des gaz à quelques centimètres de la poignée et j’ai eu le temps de repasser en positif avant d’emboutir la planète…. Mais là où ça fait le plus mal, c’est quand il a fallu accéder à ce ressort en découpant le fuselage à la disqueuse! Et comme il était hors de question d’attendre une semaine avant de revoler, El Gringo, notre génie de la mécanique, nous a construit la pièce pour le lendemain en partant de son râteau à feuilles et d’une sonde thermostatique d’un vieux frigo.

Il a fallu accéder à ce ressort en découpant le fuselage à la disqueuse

El Gringo

Sonde thermostatique d’un vieux frigo

Avant le deuxième vol nous constatons que la roue est crevée ! Par chance nous étions au parking et disposions d’une roue complète montée sur son moyeu. C’est quand même l’affaire de quelques heures. Quelques jours plus tard, ce fut l’interrupteur de la pompe à essence qui lâcha. Là c’est plus facile c’est du standard.

Mais depuis que nous sommes arrivés une forte odeur d’essence m’inquiète et comme nous avons déjà vécu sept fuites des réservoirs flexibles des ailes, je décide de démonter le réservoir gauche, d’où vient l’odeur, et donc le planeur ! Surprise, ce n’était pas le réservoir qui perdait, c’était le tuyau qui était devenu poreux et laissait s’évaporer les composants les plus volatiles de l’essence. Le phénomène est particulièrement grave lorsque l’on utilise de l’essence verte 98 qui contient des dérivés extrêmement corrosifs et odorants. Ce tuyau en caoutchouc spécial pour combustible n’avait que trois ans et il était déjà mort. Il faut donc bannir l’utilisation de caoutchouc et se limiter au polyuréthane, en sacrifiant l’épaisseur et donc la sécurité en cas d’accident.

Le lendemain le moteur refuse de démarrer car il manquait le fin de course de sortie totale du pylône. Le problème était dans l’extrémité du câble, coté fuselage, qui était effiloché pour moitié des brins, coupures causées par une simple rondelle en ferraille venant s’appuyer contre le manchon Nicopress qui sert de fin de course. Ce câble avait été changé il y a 30 heures et pourtant ne doit être remplacé que toutes les 50 heures……

Deux jours plus tard impossible d’arrêter l’hélice. Par chance l’incident a lieu verticale terrain et sera résolu dans la journée. Le frein d’hélice est en fait un roulement qui rentre dans une gorge, ce roulement est étanche et il n’est pas possible de vérifier l’état des billes à l’intérieur. Comme ce roulement ne tourne jamais et que les mêmes billes subissent un effort toujours au même endroit, elles ont fini par casser et la piste externe du roulement s’était déplacée de quelques millimètres, juste ce qu’il faut pour que le frein ne fonctionne plus.

Le lendemain nous crèverons encore une fois, mais au roulage lors de l’atterrissage. Les choses se compliquent car nous occupons la piste et je me vois mal répéter l’opération de l’an passé où il a fallu amener une grue et faire le travail sur place, dans le vent et la poussière. Solution : on fait le plein du compresseur, on le charge dans la voiture, on regonfle la roue et on sort le planeur de la piste avant qu’elle ne soit à nouveau dégonflée, en refaisant le plein du compresseur autant de fois que nécessaire ! Coup de chance, nous sommes arrivés jusqu’au parking à la première tentative!

Lors du premier vol à mon retour en Europe, c’est le dispositif de blocage du train qui va lâcher. Le bec en résine qui bloque le levier s’est effrité, laissant apparaître une plaque métallique qui s’est arrondie et en a profité pour commencer à couper le levier! Et pour couronner le tout, le constructeur monte une poignée standard dont la forme en poire empêche le levier de pivoter complètement jusqu’à la paroi ! Le problème a été résolu en « coupant la poire en deux » et en remplaçant la glissière en fibre par une autre en téflon montée sur une plaque métallique remplaçable, modification appliquée en standard depuis quelque temps sans en avertir les anciens clients…

…laissant apparaître une plaque métallique qui s’est arrondie

… et en a profité pour commencer à couper le levier

Le problème a été résolu en « coupant la poire en deux »

Je ne peux que fortement recommander à tous les propriétaires de planeurs ayant cette poire d’appliquer les modifications de la photo, il faut 10 minutes, ça ne coûte rien et c’est très efficace !