Je n’aime pas trop parler des atterrissages aux vaches, mais l’accident du planeur argentin près de Bariloche est un bel exemple de tout ce qu’il ne faut pas faire avec un planeur motorisé. L’appareil est partiellement détruit et par miracle le pilote est indemne.

Le pilote Argentin, Mr M., au commande de son DG800 motorisé semblait posséder toutes les connaissances sur les points d’onde et les pistes de secours, ayant participé aux stages de Chos Mallal organisés par les Allemands et se vantant d’avoir été le premier pilote argentin à avoir réalisé un 1.000 km.

Le 21 novembre, avec un vent de nord-ouest très humide et une prévision du passage d’une couverture nuageuse l’après midi, M. sera le seul à décoller. Le soir nous apprendrons qu’il s’est crashé dans la steppe vers 18h à 70 Km au sud de Bariloche.

Par chance, des gauchos de l’Estancia Fitalancao ont vu l’accident et sont allés prévenir des amis parapentistes. Parmi eux se trouvait Diego Vallmitjana, photographe professionnel, qui a déposé au lien suivant 81 magnifiques photos sur la récupération épique du planeur:
http://picasaweb.google.com/id142857/Aporizaje

Après analyse du vol (disponible sur OLC au lien http://www.onlinecontest.org/olc-2.0/gliding/flightinfo.html?flightId=-726342997 ) il ressort que le pilote a fait une accumulation d’erreurs qui l’on conduit à risquer sa vie.

  1. Déjà au décollage, premier signal de nervosité. Il arrête son moteur à 900 m à 10 km de la première pente. Tentative vouée à l’échec.
  2. 1ère remise en route à 300 m sol, en revenant vers le décollage, 5 minutes de moteur pour rejoindre une pente bien exposée. Le vol qui suit sera totalement décousu, sans jamais accrocher l’onde de façon stable jusqu’à l’aéroport de El Maiten (100 Km au sud), puis vol toujours incohérent jusqu’à l’aéroport de El Bolson (30 km à l’est de Maiten) au ras du sol puis retour sur El Maiten ou il montera finalement à 3500 m dans le ressaut habituel. Au lieu de mettre le cap vers Bariloche par les pentes, il va se jeter sous le vent des pentes.
  3. 2ème remise en route à 600 m sol, sur la piste de secours de Norquinco, moteur  pendant seulement 6 minutes. L’endroit est propice pour les ressauts mais l’altitude  est insuffisante d’autant qu’il n’existe aucun appui orographique en cas d’accrochage manqué. Il quitte ensuite le local de la dernière piste posable en prenant la direction de Bariloche sans accrocher les rotors.
  4. 3ème remise en route à 200 m sol pour seulement 4 minutes avec arrêt du moteur à 1.000 mètres sol. Avec cette altitude il aurait encore pu revenir sur la piste de Norquinco, mais hélas il poursuit plein nord vers les collines sous le vent. C’est le commencement de la fin.
  5. 4ème mise en route à moins de 300 m sol, qui échoue et c’est le crash. Fuselage cassé, aile ouverte, train enfoncé mais le pilote est indemne. L’arrachage par le planeur des arbustes typiques de la steppe patagonienne a absorbé l’énergie.

La suite n’est pas racontable et se résume dans l’expression du gaucho semblant dire « pouvez pas trouver plus simple pour vous faire du mal? ». Comme il n’existe pas de piste à cet endroit, les gauchos ont vérifié que le gué était franchissable, les ailes et la dérive ont été empilées sur le toit de la 4×4 et le demi fuselage ficelé sur une charrette.

L’équipe de dépannage a immédiatement vérifié le fonctionnement du moteur lequel a démarré au premier coup et est rentré sans difficulté. Il y a donc eu panique et fausse manoeuvre de la part du pilote.

En conclusion, sur quatre remises en route, le pilote a fait une seule fois l’impasse sur la règle d’or qui dit qu’une sortie moteur ne doit s’effectuer qu’en local finesse 15 + sécurité d’une piste posable. Voilà le résultat.